30 Piges ! Eh oui, en cette année 2019, l'Association des Cigales des Hauts-de-France souffle sa 30ème bougie. Chaque mois jusqu'à la fin de l'année, l'association partagera avec vous les temps forts qui ont marqué son existence depuis 1989. Découvrez dans ce 1er épisode, le 1er club, « Boule de Neige », et la 1ère entreprise, « Vert'Tige », financée par les clubs Cigales des Hauts de France...
Boule de Neige... Rien à voir avec les sports d'hiver !
Nous avons interviewé Christian Tytgat, l'un des membres fondateurs du tout premier club Cigales qui a vu le jour le 30 août 1985 à Lille.
Sa rencontre avec les Cigales est partie de l'ALDEA (Agence de Liaison pour le Développement de l’Economie Alternative), organisme créateur des cigales en 83. C'est en le contactant que monsieur Tytgat et ses collègues ont réalisé qu'il était possible de faire des entreprises différentes et qu'ils n'étaient pas les seuls à vouloir agir en ce sens. De plus, ils allaient pouvoir créer des outils financiers importants pour trouver des fonds propres.
Cette démarche convenait parfaitement à leur rapport à l'argent : ils ne seraient pas des “actionnaires comme les autres”.
Quelques mois plus tard, une douzaine de personnes a créé la 1ère Cigales des Hauts-de-France.
D'après ses souvenirs (30 ans c'est loin !), c'est un de ses collègues, Philippe Lefebvre, qui a trouvé le nom du club… pas à cause du climat ni des sports d'hiver, mais parce qu'ils espéraient que "ça fasse des petits", tant au niveau des clubs que des projets soutenus. Pari gagné pour l'effet “Boule de neige” puisque une dizaine de clubs a vu le jour ensuite. Des citoyens ont vite été intéressés par le principe de défendre une autre économie. Pour lui, cette expérience a surtout permis de ne pas rester entre personnes convaincus d'avance et d'ouvrir la question à un public plus large, ce qui a amplifié cet effet boule de neige avec l'apport de réseaux de compétences économiques.
De son expérience avec les Cigales, monsieur Tytgat nous raconte :
"Cela a été un outil expérimental de soutien à l'économie alternative et une autre façon de gérer l'épargne. Il fallait non seulement rapporter de l'argent une fois mais tous les mois sur une durée de cinq ans, à risque. Puis la Cigales devait elle-même trouver les projets et elle-même les suivre.
Ça fait beaucoup d'exigences comme épargnant : épargnant solidaire risqué, pas une fois mais 60 fois !
Et puis ce n'est pas une démarche individuelle mais une démarche collective ; il faut trouver d'autres cigaliers pour faire un club avec une dynamique de groupe. Ce qui a bien marché dans les Cigales c'était cet aspect de club et pouvoir décider soi-même des projets qu'on veut financer."
Il attire cependant l'attention sur les limites du système Cigales, qui fait à petite échelle ce qui peut être fait de façon plus large, comme chez Autonomie & Solidarité par exemple. Ou bien encore sur le fait que l'adhésion à un club Cigales ne peut se faire que par des personnes physiques et non des personnes morales.
Il apprécie néanmoins ce renouveau des Cigales qui gagne un public de plus en plus conscient de l'importance de pouvoir décider des entreprises qui pourront être bénéfiques à son cadre de vie.
Tout en souhaitant un bon anniversaire à l'association, il nous a exprimé son émerveillement par rapport au nombre de Cigales qui se sont développées ces dernières années dans la région.
Vert'Tige, une entreprise de La Fourmi...
En novembre 1985, la première entreprise d'un club Cigales du Nord a vu le jour. Ce club avait pour nom "La Fourmi". C'était le 1er club créé autour d'une entreprise pour la financer. Localisée à Wavrin, en Métropole lilloise, sous un staut de GFA SCEA (Groupement Foncier Agricole : Société Civile d'Exploitation Agricole), Vert'Tige a bénéficié d'un investissement de 762 € de la part de ce club.
Portée par Béatrice Boutin et Benoît Canis, cette entreprise de maraîchage biologique comptait à sa création 9 salariés. Aujourd'hui, Vert'Tige, c'est 3 magasins Biocoops : Lille (Sébastopol et Wazemmes) et Wavrin avec ses 5 hectares de production maraîchère.
Ils proposent "un bel étal de fruits et légumes locaux et d'ailleurs (sans transport en avion !), un large choix en épicerie 100% bio, des produits laitiers et alternatives végétales, des produits sans gluten et bio, des cosmétiques naturelles, huiles essentielles, etc."
Le magasin à la ferme s'est donc bien vite transformé pour intégrer le réseau Biocoop tout en conservant son attrait paysan. Une belle réussite !